Tombes profanées: rassemblement multiconfessionnel, la piste skinhead privilégiée
Par Céline CORNU AFP - Lundi 7 avril, 13h41ABLAIN-SAINT-NAZAIRE (Pas-de-Calais) (AFP) - Un rassemblement multiconfessionnel devait se tenir lundi après-midi au cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette près d'Arras, où 148 tombes musulmanes ont été profanées, alors que l'enquête se poursuit, en privilégiant la mouvance skinhead.
A l'initiative du Conseil régional du culte musulman (CRCM) du Nord-Pas-de-Calais, une prière aux morts sera dite à 15H00 devant le carré musulman de la nécropole d'Ablain-Saint-Nazaire (Pas-de-Calais), en présence de fidèles musulmans et de représentants des communautés chrétienne et juive.
Dans la nuit de samedi à dimanche, 148 sépultures musulmanes ont été recouvertes de sigles nazis ou de lettres noires formant des injures contre l'islam et la ministre de la Justice, Rachida Dati. La cérémonie vise à montrer la "solidarité des confessions" face à cette exaction, unanimement condamnée dimanche par le monde politique, a expliqué à l'AFP le président du CRCM Bahssine Saaidi.
Un même rassemblement multiconfessionnel avait eu lieu le 19 avril 2007, après la découverte d'inscriptions, notamment nazies, sur 52 tombes musulmanes dans la même nécropole militaire, la plus vaste de France.
"C'est honteux d'avoir un même acte qui se répète, contre des gens qui ont sacrifié leur vie pour l'indépendance de la France", a déploré M. Saaidi. "Il faut que tous fassent des efforts pour trouver des solutions face à des actes comme celui-ci", les communautés religieuses comme les pouvoirs publics, a-t-il souligné, demandant que les personnes qui "essaient de mettre la haine entre les communautés", soient "vraiment punies".
Plusieurs responsables catholiques comme juifs, ont déjà exprimé leur indignation face un acte qu'ils ont qualifié d'"odieux" et ont fait part de leur fraternité avec la communauté musulmane, à l'image du Grand Rabbin de France Joseph Sitruk et de l'évêque d'Arras, Mgr Jean-Paul Jaeger.
Dans son éditorial en Une, Le Monde daté de mardi souligne de son côté que la profanation est "au-delà des mots et de l'émotion" et conclut que le "vivre ensemble il faut sans concession le consolider, l'affirmer, le défendre. Surtout contre la bêtise abjecte".
L'enquête, dont la direction est confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Lille, n'exclut aucune piste. "On travaille sur différentes hypothèses, rien n'est écarté", a indiqué la gendarmerie. "On suppose que c'est la mouvance skinhead, des choses comme cela", a cependant reconnu le procureur de la République d'Arras (Pas-de-Calais), Jean-Pierre Valensi, qui a précisé qu'aucune interpellation n'avait eu lieu.
Dimanche, une centaine de gendarmes avaient été mobilisés, notamment pour ratisser les lieux et réaliser des relevés (peinture, ADN...). Ces derniers doivent désormais être examinés, ce qui prendra plusieurs jours.
Lors de la première profanation, les auteurs avaient été interpellés dès le lendemain de la découverte des faits. "L'année dernière, on a eu un témoignage. Un monsieur avait vu la voiture et c'était une voiture spécifique", ce qui avait permis d'accélérer l'enquête, a rappelé M. Valensi.
Deux jeunes hommes de 18 et 21 ans, au profil de "nazillons" selon le procureur, avaient été condamnés en mai à deux ans de prison, dont un ferme, et un mineur de 16 ans à sept mois de prison dont cinq mois et demi avec sursis. Les gendarmes vont travailler durant huit jours dans le cadre de l'enquête de flagrance.