PARIS (AFP) - Une mission humanitaire lancée par la France est partie mercredi en Colombie pour tenter d'atteindre Ingrid Betancourt, une opération délicate et sans garantie de succès, alors que la famille de l'otage lançait un appel pressant au chef de la guérilla des Farc.
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Cette mission a été lancée au lendemain du nouvel appel solennel de Nicolas Sarkozy pour que la guérilla marxiste libère l'otage franco-colombienne, détenue depuis 6 ans, que le chef de l'Etat a décrite en "danger de mort imminente".
Un avion a décollé de l'aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris avec à son bord un diplomate, Daniel Parfait, directeur des Amériques et des Caraïbes au ministère des Affaires étrangères, et Noël Saez, ancien consul de France à Bogota, selon une source proche du dossier.
M. Parfait, qui a été ambassadeur en Colombie, est le beau-frère d'Ingrid Betancourt. L'appareil devait faire escale aux Antilles.
"Une mission humanitaire des trois facilitateurs, l'Espagne, la France et la Suisse a débuté, en liaison avec les autorités concernées", a indiqué la présidence de la République dans un communiqué.
Ces trois pays mènent depuis plusieurs années une médiation avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) pour parvenir à un "accord humanitaire" visant à échanger des otages dits "politiques" - dont Mme Betancourt - contre des rebelles emprisonnés.
Les membres de la mission "partent à l'aventure", a estimé une source proche du dossier. "Le problème, c'est qu'on n'a pas de réponse des Farc".
De nombreuses inconnues entourent cette mission, officiellement destinée à "prendre contact" avec les Farc et "obtenir accès" à l'otage, et ses chances de succès.
Les négociations en vue d'une libération de Mme Betancourt et d'autres otages ont été compromises par la mort du numéro deux des Farc, Raul Reyes, interlocuteur clef du dossier, tué en mars dans un raid de l'armée colombienne.
"Il y a des échanges de communications. Il faut acquérir la certitude sur la fiabilité de ces sources. Il n'y a pas d'engagement concret de la part des Farc", a affirmé Astrid Betancourt, la soeur de l'otage et épouse de M. Parfait.
A Genève, le Comité international de la Croix rouge a confirmé être "prêt à jouer le rôle d'intermédiaire neutre, comme il l'a fait dans le passé" lors de la libération de six otages par les Farc. Il a ajouté n'avoir "aucune information" sur l'otage malgré ses demandes aux Farc.
L'envoi de cette mission est l'aboutissement de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines de tractations intenses, alors que des témoignages ont fait état d'une aggravation de l'état de santé de Mme Betancourt.
La présidence française avait prépositionné dès la fin de la semaine dernière un avion médicalisé en Guyane avant d'annoncer son retour à Paris.
M. Sarkozy, qui a fait du cas de Mme Betancourt une cause nationale, a appelé ses homologues colombien et venezuelien, Alvaro Uribe et Hugo Chavez, et obtenu le soutien des présidents brésilien et argentin.
Il a obtenu de M. Uribe qu'il s'engage à faire cesser les opérations militaires dans la zone où la mission humanitaire se rendrait.
La famille de Mme Betancourt a lancé un nouvel appel aux Farc et à M. Uribe, restant toutefois divisée sur la situation de l'otage, qui souffre d'une rechute d'hépatite B, notamment sur le fait de savoir si elle avait entamé une grève de la faim.
Le fils de Mme Betancourt, Lorenzo Delloye, a estimé lors d'une conférence de presse à Paris que sa mère s'était engagée dans un "rapport de force" avec la guérilla et M. Uribe en entamant une grève de la faim il cinq semaines.
M. Delloye n'a pas indiqué la source de ces informations qualifiées d'"invraisemblables" par Astrid Betancourt, la soeur d'Ingrid.
"Ma mère court à la mort", a dit M. Delloye.